Photographe accouchement à domicile
Il y a quelques années, j’ai recroisé Jeanne.
Une des dernières survivantes du club théâtre du collège, la dernière année, nous étions 3. Beaucoup de choses partagées, puis les études nous on éloignées.
Perdues de vue pendant longtemps, nous nous sommes retrouvées sur les mêmes valeurs, notamment sur notre façon de vivre notre parentalité, et ça, c’est vraiment super chouette.
Jeanne a un petit garçon, né à la maison, et elle attendait son second enfant. De mon côté, cela fait des années que je rêvais de photographier un AAD (accouchement à domicile, pour les intimes), sans trop savoir comment aborder les futurs parents.
C’est tout naturellement que j’ai proposé à Jeanne et à son mari, ce reportage.
Les règles étaient simples : le jour J, si elle n’avait pas envie de m’appeler, elle ne le faisait pas, sans que je ne lui en tienne rigueur.
Si je venais, ma priorité absolue était Elle, elle avait donc le droit de me mettre dehors à tout moment, et de mon côté, je m’engageais à ne rien faire qui pourrait la sortir de sa bulle…
Une séance grossesse avant le grand jour
Mais avant l’arrivée de leur second enfant, ils ont eut envie d’immortalisé la fin de cette grossesse, le quotidien avec leur aîné.
On se programme cette séance un samedi de décembre….
Mais voilà, qu’au réveil le vendredi, un message m’annonce que la séance est annulée, par contre pour l’AAD, c’est maintenant !
Je saute du lit, je passe sous la douche, j’attrape une banane et mon matériel, j’embrasse mes enfants, et c’est parti….
Je me perds en route, Jeanne m’avait prévenue, elle habite “au bout d’un chemin qui fait peur”, j’ai peur de rien, moi… Sauf de réveiller la voisine, oups !
Et voilà, je vais devenir photographe accouchement à domicile !
L’attente, le travail, l’ambiance
Excitée comme une puce, j’arrive dans le cocon de douceur qu’est la maison de Jeanne et de son mari.
Lumière tamisée, bougies, feu dans la cheminée, un bonheur, une chance, pour un bébé d’être accueilli dans cette ambiance.
Jeanne a gérer tout le travail…. Dans le noir complet, pas très photogénique. Et comme promis, hors de question de la déranger.
Mais, je ne suis pas pour autant désœuvrée, je m’attache à retranscrire cette attente, le futur papa, les jouets de l’aîné, figés en son absence, comme dans l’attente eux-aussi.
Les décorations de noël, la météo, le feu qui crépite, le chien qui sent bien qu’il se passe quelque chose d’important…
L’arrivée de la sage-femme. L’attente.
Comme je regrette de na pas avoir eut de quoi enregistrer du son, à ce moment là…
La rencontre
Et puis, Jeanne a appelé son mari, la sage-femme s’est discrètement cachée dans la pièce attenante pour écouter sans déranger. Puis elle est venue vers moi pour me dire “il est là”.
Je n’ai pas les mots pour exprimer cette magie, ce cadeau qui m’a été fait de pouvoir être présente à ce moment-là.
Pour tout vous dire, j’ai pleuré, et je repleure en écrivant ces mots, comme j’ai pleuré en post-traitant le reportage.
Je ressens une immense gratitude.
Bref.
La rencontre, ou plutôt, les rencontres, avec Aurore, avec, sa maman, avec son papa, avec son frère.
Et là, je perds mes mots, alors je vais laisser les images parler à ma place.
Merci.
Merci Jeanne, Merci Dom, Merci à leurs enfants, Merci Marie.
Merci la vie.